Le consortium Dyclam+ organise une conférence Internationale à l'Université Babes-Bolyai, le 18-19 juillet 2024"De-patrimonialization and re-patrimonialization in post-Soviet Europe"
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La réappropriation de leur histoire et de leur patrimoine a été un enjeu majeur pour les pays qui ont vécu sous la domination soviétique jusqu'en 1991. Le déboulonnage des statues a été le signe le plus spectaculaire de ce processus de resynchronisation identitaire. Parallèlement, et de manière plus discrète mais profonde, la libération des esprits s'est traduite par la mise en place d'un nouveau récit de l'histoire de ces pays et la création d'une nouvelle offre patrimoniale.
Pourtant, plus de 30 ans après la chute de l'empire soviétique, le pouvoir russe n'a pas abandonné son projet de contrôle du patrimoine soviétique. Bien au contraire. En témoigne l'article "Sur l'unité historique des Russes et des Ukrainiens" (12 juillet 2021), signé par Vladimir Poutine, dans lequel l'histoire est instrumentalisée et falsifiée pour justifier la guerre contre l'Ukraine, en niant l'histoire et l'identité propres de ce pays.
Mais l'Ukraine n'est pas le seul pays concerné. Des hommes politiques des pays baltes sont aujourd'hui accusés par Moscou d'"actes hostiles à la mémoire russe" et sont poursuivis pour avoir "détruit et endommagé des monuments à la gloire des soldats soviétiques" de la Seconde Guerre mondiale. Des mandats de perquisition ont été émis à leur encontre, au mépris des principes du droit international et de la démocratie. D'autres pays sont concernés par cette politique, notamment la Moldavie et la Géorgie.
Cette négation de l'histoire et du patrimoine comme arme diplomatique est un phénomène qui mérite réflexion. C'est pourquoi l'Université Babes-Bolyai (Cluj-Napoca), dans le cadre de son partenariat avec le master européen DYCLAM+ consacré aux enjeux contemporains du patrimoine culturel, a décidé d'organiser un séminaire en accueillant des spécialistes de la question. Il s'agit d'éclairer les processus actuels de dépatrimonialisation et de repatrimonialisations en cours dans les pays post-communistes, ainsi que d'analyser la manière dont ces sociétés se souviennent de leur passé soviétique.
Superviseurs scientifiques :
Adrian Corpãdean, professeur associé, spécialiste de l'intégration européenne, doyen de la Faculté d'études européennes, Université Babes-Bolyai (Cluj-Napoca, Roumanie).
Robert Belot, professeur d'histoire contemporaine, spécialiste de l'histoire européenne et des questions mémorielles, directeur du Consortium DYCLAM+, Université Jean Monnet (Saint-Étienne, France).
Reappropriating their history and heritage was a major challenge for countries that lived under Soviet rule until 1991. The debunking of statues was the most spectacular sign of this process of identity resynchronization. At the same time, and in a more discreet but profound way, the liberation of minds was reflected in the implementation of a new narrative of the history of these countries and the creation of a new heritage offering.
Yet, more than 30 years after the fall of the Soviet empire, Russian power has not abandoned its project to control Soviet heritage. Quite the contrary, in fact. Witness the article "On the historical unity of Russians and Ukrainians" (July 12, 2021), signed by Vladimir Putin, in which history is instrumentalized and falsified to justify the war against Ukraine, denying the country's own history and identity.
But Ukraine is not the only country involved. Politicians in the Baltic States are now being accused by Moscow of "hostile actions against Russian memory", and are being prosecuted for "destroying and damaging monuments to Soviet soldiers" from the Second World War. Search warrants have been issued against them, in defiance of the principles of international law and democracy. Other countries affected by this policy include Moldova and Georgia.
This denial of history and heritage as a diplomatic weapon is a phenomenon worth reflecting on. That's why Babes-Bolyai University (Cluj-Napoca), as part of its partnership with the DYCLAM+ European master's program dedicated to contemporary cultural heritage issues, has decided to convene a seminar, welcoming specialists in this field. The idea is to shed light on the current processes of depatrimonialization and repatrimonialization underway in post-Communist countries, as well as to analyze the ways in which these societies are remembering their Soviet past.
Scientific supervisors:
Adrian Corpãdean, Associate Professor, specialist in European integration, Dean of the Faculty of European Studies, Babes-Bolyai University (Cluj-Napoca, Romania).
Robert Belot, Professor of contemporary history, specialist in European history and issues of memory, director of the DYCLAM+ Consortium, Jean Monnet University (Saint-Étienne, France).